Les Nouveaux Voisins
Architectes
Strasbourg (67)
Quelques mots sur les artistes
Faire la connaissance de ses nouveaux voisins est toujours une opportunité de transformer une rencontre en une aventure commune. Pierre Laurent et Nicolas Grun envisagent la pratique de l’architecture comme un espace de partage, de complicité et d’apprentissage. Le centre de leurs préoccupations est la création d’espaces qui soient générateurs du vivre ensemble et d’une sociabilisation accrue tant au sein de la sphère familiale qu’à l’échelle de l’urbain. Leurs créations agissent toujours à deux niveaux, celui du message sensible, intellectuel, et celui de l’expérience physique d’un espace dont le spectateur devient l’acteur. Chacune de leurs interventions présente la volonté de libérer l’espace en donnant plein pouvoir à la découverte physique de l’œuvre. L’installation, l’architecture, la scénographie s’anime de vie et a alors le pouvoir d’agir sur son contexte.
Le projet
L'impact sans précédent de l'humanité sur la Terre depuis le début de l'ère industrielle est telle que des chercheurs ont créé un terme pour qualifier cette nouvelle ère géologique: l’Anthropocène. Les changements climatiques ont des impacts directs sur la biodiversité car ils modifient la composition et la fonction des écosystèmes à un rythme sans précédent. La résilience du vivant est sa capacité à recouvrer ses attributs structurels et fonctionnels après avoir subi une agression ou une perturbation.
L’ « Arbre » représente près de 80% de la biomasse de l’ensemble du vivant (bactéries 12%, animaux dont l’homme 0,5%) . Il joue un rôle majeur pour le climat en capturant le carbone et en le stockant, contribuant ainsi à limiter les émissions de gaz à effet de serre. Une grande partie de la structure de cet organisme est invisible car souterraine (42%). Les racines qui l’ancrent au sol et drainent ses nutriments, ont en plus la capacité de tisser un réseau de liens symbiotiques avec de nombreux autres organismes comme les champignons et les bactéries. C’est également à partir des racines, que parfois, un spécimen meurtri peut renaître sous la forme d’une nouvelle pousse.
L'œuvre se sert de ce symbole de résilience pour établir un lien avec le visiteur, par le biais d’une expérience spatiale. RACINES apparaît comme une souche déracinée d’un arbre abattu. La souche est littéralement arrachée du sol comme symbole de nos agissements sur la nature. La souche, comme flottante dans les airs, dévoile alors la partie habituellement invisible de l’arbre que sont les racines.
Les racines qui relient l’arbre au vivant de la terre, sont ici dévoilées et mises en exergue. Elles évoquent également les rejets du banian, « l’arbre de l’éveil ». Les rejets sont ici matérialisés par une multitude de sangle qui relie la souche déracinée au sol. La couleur rouge donne à l’ensemble une dimension organique, presque animale, et contraste fortement avec l’environnement verdoyant. Le visiteur peut se glisser entre les lignes et jouer avec elles. La visite devient une exploration d’un espace sensible. Il y a un aspect ludique dans l’appréhension de l'œuvre qui permet d’en infuser le message.
Au sein de la masse des racines, on découvre un espace vide, une intériorité au milieu de laquelle se trouve une jeune pousse d’arbre. On comprend alors que l'œuvre joue un rôle protecteur pour cet arbre. En milieu naturel, les vieilles souches servent de catalyseur du vivant, faisant ainsi profiter des interactions de leur réseau aux générations suivantes. Le visiteur, au cœur de l'œuvre, se retrouve au plus proche de cet être fragile. Il est incité à le considérer et à en prendre soin. Cette œuvre constitue un filtre qui permet, le temps d’une expérience, de reconsidérer notre rapport à la nature. En effet, dans le lien inextricable qui nous unit au reste du vivant, nous devons prendre conscience de notre responsabilité. Quand l'œuvre aura disparue, que le lieu aura retrouvé son état originel au terme d’un cycle de résilience, il restera ce jeune arbre, marqueur d’une expérience collective vécue sur ce site.
Détails techniques
Voici une première approche du processus de fabrication envisagé, il pourra évoluer selon les possibilités de soutien en matériel, mise à disposition de locaux ou aide sous toute ses formes.
Conception
Le projet sera dessiné sous forme de plans d’exécutions, avec les détails d’assemblage et les dimensions précises de chaque pièces. L’œuvre est conçue de manière à présenter trois modules identiques disposés selon un angle de 120°.
Pour la partie bois, des plans DWG sont transmis au fournisseur de panneaux 3 plis pour que chaque pièce soit découpée précisément avant livraison à l’atelier de montage.
Les autre matériaux (métal et sangles ) sont également commandées.
Fabrication
La fabrication se fera idéalement dans un atelier de menuiserie. (Menuiserie G. Dubois à Sepmes ou Menuiserie HERVET - VILAME à Genillé ) Les pièces de panneaux sont pré-montés (percements, ajustement) avant d’être re-démontées pour le transport sur place. Elles seront fixées entre elles à l’aide d’une série verticales de longues vis à bois. Les sutures sur une hauteur de 30 cm assureront une bonne rigidité, éventuellement complétées ponctuellement par des liens métallique type fer plat, notamment en partie centrale où se rejoignent les trois branches principales. Les sangles sont fixées une après l’autre à l’aide de petites vis contre les tasseaux, sur un rythme 60 % vide / 40% plein. Chaque petite section est ainsi préparée, avec les longueur de sangle prédécoupées.
Les pièces métalliques: tubes pour les pieds, tubes d’ancrage, liens ponctuels, sont préparées soudées, percées et peintes en atelier (Société SM Franck ). Les tubes d’ancrages sont sciés en biais pour pouvoir bien s’enfoncer dans le sol, et bouchés pour qu’ils ne remplissent par de terre lors de l’enfoncement.
Montage sur place
L’implantation de chaque pied est tracé sur site. Les tubes d’ancrages sont enfoncées dans le sol à la masse, sur une profondeur d’environ 80cm. S’il y a refus dans le sol, elle pourront être recoupées. Les 12 poteaux sont insérés dans les tubes d’ancrage, mis à niveau et fixés par des vis auto-foreuse métal.
Les 3 branches principales sont mises en place et fixées aux poteaux, puis les branches secondaires sur les 9 autres poteaux.
Viennent ensuite les branches de liaisons qui relient l’ensemble et rigidifient le tout selon une géométrie triangulée.
Les tasseaux équipées de sangles sont ensuite vissées par le dessous des panneaux, de manière à pincer les sangles qui descendent de part et d’autre. Les sangles prédécoupées sont ensuite retaillées au niveau du sol et sur la partie centrale afin de crée une forme de vide demi sphérique régulière.
Il ne reste plus qu’à planter le jeune plan de chêne.
Réalisations passées